Internet et notre rapport au réel

Publié le par M. Aurangé

A la lecture d'un article d'Hubert Guillaud rencontré par hasard sur le net, j'engageai récemment une réflexion sur l'impact d'Internet dans nos vies, en observant notamment l'utilisation qu'en font certaines de mes connaissances. De ceux qui sont derrière leur écran nuit et jour à ceux qui n'ont pas d'ordinateur chez eux, y a-t-il vraiment une grande différence ?

Si le rôle d'Internet dans l'accroissement du sentiment de solitude fait l'objet de nombreux débats et études, on remarque cependant que certaines personnes savent très bien gérer et leur vie "réelle" et leur vie "virtuelle", en tirant les profits de chacune d'entre elles.

Si Internet nous permet de nous exprimer plus librement et de nouer plus facilement des relations avec les gens, il ne faut pas oublier que ces relations restent relativement superficielles dans la mesure où les protagonistes ne se sont jamais rencontrés, les relations s'établissant durablement par la communication et celle-ci reposant essentiellement sur le non-verbal ; il faut donc savoir trouver un juste milieu.

Sur les relations entre la solitude et la socialisation en ligne (et notamment l'utilisation de Facebook), on peut lire cet autre article du même auteur, très intéressant, qui cite notamment une étude australienne de 2011 dont voici un extrait :

"Selon l’étude, les utilisateurs australiens de Facebook avaient en moyenne plus de relations amicales réelles, mais moins de relations familiales fortes. “Il se peut que Facebook encourage plus de contact avec les gens en dehors de notre maison, au détriment de nos relations familiales, ou bien il se peut que les gens qui ont des relations familiales malheureuses, en premier lieu, recherchent la compagnie par d’autres moyens, y compris Facebook. Les chercheurs ont également constaté que les personnes seules ont tendance à passer plus de temps sur Facebook : “Un des résultats les plus remarquables”, écrivent-ils, “a été la tendance des individus névrosés et solitaires à passer de plus grandes quantités de temps sur Facebook par jour que les individus non solitaires “.

Pour Yochaï Benkler, professeur à Harvard et auteur de la Puissance des Réseaux, il faut "regarder "comment l’internet change la façon dont on pense le monde", comment, "en nous connectant plus facilement à plus de personnes, [l'internet] permet d’accéder à de nouveaux niveaux de proximité ou d’éloignement selon des critères géographiques, sociaux, organisationnels ou institutionnels", en ajoutant à cette transformation sociale un contexte "qui capte la transcription d’un très grand nombre de nos conversations", les rendant plus lisibles qu’elles ne l’étaient par le passé".

J'ajoute un court-métrage sud-coréen sur cette problématique... à méditer.

N'étant pas spécialiste de ces questions quoique très intéressée par le sujet, tous vos commentaires seront les bienvenus.

Publié dans Divers, Réflexions

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M
J'entends bien toutes les critiques faites à l'encontre d'internet et plus particulièrement contre les réseaux sociaux et je m'interroge beaucoup aussi parce que je trouve cela assez fascinant mais l faudrait quand même qu'on m'explique comment le fait de pouvoir communiquer plus souvent, plus vite, plus loin, plus facilement, plus économiquement et par là même de pouvoir communiquer avec des personnes auxquelles on n'aurait jamais été mis en relation autrement (je pense notamment au blog) ... comment un tel outil peut accroître la solitude ?
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M
C'est là tout l'objet des débats... et un grand paradoxe aussi, en effet. Selon les sondages, les jeunes seraient les plus touchés, internet favoriserait le repli sur soi, au détriment de la vie familiale, notamment. L'hypothèse avancée serait que les relations sociales "virtuelles", aussi nombreuses soient-elles (les "amis" sur Facebook) ne suffiraient pas à combler notre besoin de se sentir entouré. Mais après, il est vrai qu'internet (notamment au travers des blogs) favorise les rencontres entre des gens qui ne se seraient pas rencontrés autrement, comme vous le dites. Tout est une question de dosage, à mon avis, et de personnalité. Il faut savoir garder son indépendance, profiter des avantages de sa "vie virtuelle" tout en se gardant de tomber dans ses excès. Enfin... le débat reste ouvert !