Poème XVI - Duel sur la montagne
(Quand le vent, tard, souffle...)
Du haut de ces montagnes
Le vent hurlait sans fin
Me murmurant sans hargne
Il troublait mon chemin.
D'une prodigieuse tempête
Il semblait être l'auteur
Animateur de la fête
Il se voulait moqueur.
Sifflant à mes oreilles
Il m'entourait de froid
Piquant telle l'abeille
Il engagea le tournoi.
De son épée de glace
Il voulut me toucher
Emmitouflé d'audace
Je résistai avec succès.
Une bourrasque de flocons
Il m'envoya soudain
Affamé et glouton
J'avalai cette glace sans parfum
Gelé dans son essence
Il n'exhalait plus rien.
Attendant l'éveil des sens,
Je poursuivais mon chemin
Mes papilles ayant fait sa connaissance
J'avais établi le lien,
Pouvais goûter au sublime de sa patience
Et à la saveur de ses desseins.
Telle une frêle brindille
Je me sentis élevé
Observé des étoiles qui brillent.
Amants, nous étions enlacés
Me caressant, me câlinant
Le vent de ses sens m'emportait.
La montagne aux hostiles arêtes
Semblait un lointain songe
Relation imparfaite, étourdi, je perdais la tête.
Sourd aux mensonges qui me rongent
Me voilà qui plonge.
Enveloppé de blanc,
Le vent désormais me porte.
Au gré des événements
Il est ma seule escorte
Fort tel un roc,
Puissance sans équivoque.
Sur la voie déblayée,
Le labyrinthe est éclairé
De ces sommets,
Je reviens victorieux et réveillé.
Marlène Aurangé et Christophe Peñaranda, avec la participation de Nathalie Mougenot